Les Roquettes de l'Arizona sont lancées
GUNDEMLes Roquettes de l'Arizona sont lancées
Bruxelles Korner
Kadir Duran
Les Roquettes de l'Arizona sont lancées
Les premiers impacts du gouvernement Arizona, ou plutôt du gouvernement BDW-GLB
Depuis la formation du gouvernement surnommé “Arizona”, une série de décisions et de déclarations provoque des remous dans tout le pays, et plus particulièrement à Bruxelles. Ce gouvernement, né de l’alliance entre Georges-Louis Bouchez (MR) et Bart De Wever (N-VA), incarne un tournant idéologique à droite, porté par deux figures politiques aussi stratèges qu’égocentrées. Leur projet : imposer une vision de la société qui semble de plus en plus déconnectée des réalités bruxelloises.
Une alliance contre-nature sur un territoire qui n’est pas le leur
Georges-Louis Bouchez (GLB), issu de Mons, et Bart De Wever (BDW), bourgmestre d’Anvers, partagent une vision politique centrée sur la rigueur budgétaire, le repli identitaire et la provocation calculée. L’un comme l’autre manient la communication comme une arme : leur stratégie consiste à créer des tensions, souvent sur des sujets sensibles — religieux, culturels, communautaires — en floutant volontairement les lignes.
Cette alliance de la droite francophone et flamande agit aujourd’hui au nom de Bruxelles, alors même qu’aucun des deux hommes ne connaît intimement la ville. Ils occupent un terrain qui n’est ni wallon, ni flamand, mais bruxellois, avec sa complexité, sa richesse, sa diversité. Et c’est justement cette diversité qu’ils tentent de remodeler selon des logiques étrangères à la capitale.
Bruxelles, terrain d’expérimentation d’une politique destructrice
Bruxelles n’est pas une ville comme les autres. C’est une capitale européenne, multiculturelle, où plus de 200 nationalités cohabitent. C’est aussi une ville fragile économiquement, avec un taux de pauvreté élevé et une dette publique bruxelloise qui dépasse les 10 milliards d’euros. Dans ce contexte, les politiques d’austérité et de stigmatisation sociale que porte le gouvernement Arizona sont non seulement inadaptées, mais dangereuses.
Lors des dernières élections régionales, une partie significative de l’électorat bruxellois a clairement exprimé son désir de changement. Des listes locales comme celle de Fouad Ahidar, issues de la société civile, ont émergé avec force. Non pas parce qu’elles portaient un combat communautaire, mais parce qu’elles incarnaient un lien réel avec le terrain, avec les besoins quotidiens des Bruxellois. En face, la droite autoritaire reste sourde à cette réalité.
Des mesures sociales explosives pour le tissu bruxellois
Parmi les propositions du gouvernement Arizona, certaines ont de quoi inquiéter profondément :
1. Exclusion du chômage après deux ans d’inactivité
Une des mesures phares prévoit d’exclure du chômage les personnes sans emploi depuis plus de deux ans. Cela pourrait concerner jusqu’à 100 000 individus à l’échelle nationale. En incluant leur famille, cela touche potentiellement 400 000 personnes, soit près d’un tiers de la population bruxelloise.
Dans une ville déjà marquée par les inégalités, cette mesure risque de plonger des milliers de familles dans une précarité extrême : loyers impayés, factures en souffrance, faim, perte de logement. Et fatalement, augmentation de la délinquance. Car que reste-t-il à une famille affamée, sinon la survie par tous les moyens ?
2. Transfert massif vers le CPAS
Ceux qui perdront leur droit au chômage devraient se tourner vers le CPAS. Mais ce système est saturé, lent, souvent mal coordonné, comme en témoignent les récents scandales à Molenbeek ou Anderlecht . La transition sera brutale, sans accompagnement digne de ce nom, et pourrait provoquer une instabilité sociale incontrôlable.
3. Contrôle du patrimoine mondial pour accéder à l’aide sociale
Autre mesure controversée : le contrôle du patrimoine à l’étranger pour les bénéficiaires potentiels du CPAS. Quiconque possède un bien — parfois hérité, inutilisable ou peu rentable — pourrait être exclu des aides. On exige désormais des citoyens qu’ils liquident leurs maigres actifs, souvent transmis sur plusieurs générations, pour avoir le droit… de survivre. Le plus cynique ? Ces biens seront rachetés à bas prix par des investisseurs plus riches, souvent étrangers, puis reloués aux anciens propriétaires… à des loyers majorés.
Un projet de société fondé sur la précarisation et la répression
Ce modèle n’a rien d’un progrès. C’est une logique de darwinisme social, où seuls les plus riches, les mieux nés, les plus connectés survivent. Ceux qui s’endettent pour acheter un bien immobilier ne peuvent plus déduire leurs intérêts. Pendant ce temps, les vrais riches — ceux qui importent leur argent frauduleux — bénéficient encore de largesses fiscales et d’un système complice.
Le refus du MR de soutenir la loi contre les loyers abusifs à Bruxelles s’explique aisément à la lumière de cette stratégie. Il ne s’agit pas d’un oubli ou d’une divergence idéologique. Il s’agit d’un choix conscient de protéger les spéculateurs au détriment des locataires.
Une dérive autoritaire jusque dans l’intimité des citoyens
Au-delà des aspects économiques, ce gouvernement s’immisce dans la vie privée. Les discours sur la taille “acceptable” d’une famille, les insinuations sur le “modèle familial à suivre”, préfigurent une société de surveillance et de normalisation. Bientôt, faire un enfant pourrait nécessiter un cadre légal, une validation idéologique.
Une guerre sociale programmée
Nous ne sommes pas face à une simple politique de rigueur. Ce qui se prépare, c’est une guerre sociale. Une guerre intérieure. Une fracture volontaire entre les “bons” citoyens — autonomes, fortunés, rentables — et les “mauvais”, c’est-à-dire les autres : pauvres, précaires, étrangers, familles nombreuses, jeunes sans perspectives.
Et pour contenir les conséquences de leurs propres décisions, les mêmes responsables prévoient un renforcement des forces de l’ordre, de la surveillance, de la répression. Ce n’est pas une guerre qu’ils anticipent : c’est une guerre qu’ils déclenchent.
Conclusion : Résister avant qu’il ne soit trop tard
Il est temps de se réveiller. De sortir du silence. De refuser cette marche vers l’exclusion sociale, le mépris des plus faibles, l’effondrement du pacte social belge. Ce n’est pas un problème communautaire, religieux ou culturel : c’est un enjeu démocratique.
Ce que le gouvernement Arizona met en place n’est pas un projet de société : c’est une machine à broyer les plus fragiles pour enrichir les plus puissants. Il ne s’agit plus de droite ou de gauche, mais d’humanité, de dignité et de solidarité.
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