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Quand les économistes prédisent la troisième crise financière

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La Réserve fédérale américaine doit dire jeudi si elle estime que les Etats-Unis vont mieux. Mais de plus en plus d'économistes s'inquiètent pour les pays émergents.

 

C'est la crise, comme toujours, et c'est financier, comme souvent. Mais cette fois, ce n'est pas en Europe, ni aux Etats-Unis, que les indicateurs clignotent. C'est dans les pays émergents (Chine, Brésil...). Depuis de nombreux mois, des économistes tentent de tirer la sonnette d'alarme. Et à l'approche de la prochaine réunion de la Réserve fédérale américaine, jeudi 17 septembre, la tension monte.

Ce jour-là, la banque centrale américaine va décider si elle relève ses taux d'intérêt. Or, elle ne le fera que si elle estime que les Etats-Unis vont mieux. Plus particulièrement, si elle juge les chiffres du chômage suffisamment encourageants. En quoi cette décision, quelle qu'elle soit, est-elle source d'inquiétude ? 

 

C'est pourquoi des économistes mettent en garde. Voici leurs arguments. 

Jacques Attali, économiste

L'ancien conseiller de François Mitterrand n'a pas peur de jouer les cassandre. Le 17 août, Jacques Attali écrivait sur son blog :

Le monde s’approche d’une grande catastrophe économique. Et personne n’en parle."

Premier danger : la Chine, selon l'économiste qui n'hésite pas à évoquer "la récession chinoise", bien que le pays reste pour l'instant à des rythmes de croissances positifs (7% officiellement, proches de 2% selon l'économiste Patrick Arthus).

Nul ne voit, en particulier, que ce qui se joue en Chine peut entraîner, par contagion, une dépression planétaire si nous n’agissons pas vite, de façon préventive."

Olivier Garnier, chef économiste à la Société générale

Dans "Les Echos", Olivier Garnier, chef économiste de la Société générale, dessine le tableau :

Il faut bien voir que les pays émergents sortent d'une période durant laquelle ils ont bénéficié d'un environnement particulièrement favorable. Il y avait alors le boom économique chinois doublé d'un envol des prix des matières premières, le tout couronné d'une politique monétaire ultra-accommodante qui favorisait un afflux de capitaux dans les économies en développement. Le vent d'optimisme qui a soufflé sur ces pays en croissance a, d'une certaine manière, masqué leurs fragilités. Ils ont négligé les réformes structurelles et creusé leur endettement. Ce n'est que lorsque les vents se sont retournés que sont apparus les problèmes."

Quoique la Fed fasse ou dise jeudi, Olivier Garnier estime que "l'effet sur les marchés émergents restera de toute manière défavorable".

Kaushik Basu, économiste à la Banque mondiale

Pour le chef économiste de la Banque mondiale, Kaushik Basu, si la Fed décide de remonter ses taux, cela affectera les pays émergents. "Je ne pense pas que le relèvement de la Fed déclenche à lui seul une crise majeure, mais cela provoquera des turbulences immédiates", a-t-il déclaré le 8 septembre. Ajoutant :

L'économie mondiale semble prise dans de telles difficultés que si les Etats-Unis se lancent dans une initiative très rapide au milieu de tout cela, j'ai le sentiment que cela affectera certains pays assez durement."

Claudio Borio, Banque des règlements internationaux

La Banque des règlements internationaux, par la voix de son économiste en chef, Claudio Borio, a aussi mis en garde sur les pays émergents :

Ce que nous voyons ne sont pas des tremblements isolés mais le dégagement d'une pression qui s'est graduellement accumulée au fil des années, le long des grandes lignes de faille."

Son institution, sorte de banque pour les banques centrales, constate la dégradation de la santé des gros pays émergents depuis quelques années.

Le Fonds monétaire international

Le Fonds est lui aussi inquiet. Christine Lagarde, directrice du FMI, a mis en garde le 6 septembre :

Le FMI pense que la Fed doit s'assurer que les données sont confirmées. Qu'il n'y a pas d'incertitude ni sur le front de la stabilité des prix, ni sur celui de l'emploi et du chômage, avant de prendre cette décision".

Autrement dit, avant de changer quoi que soit, la banque centrale américaine devra y réfléchir à deux fois. Seule solution qui pourrait satisfaire le plus grand nombre : que la Fed ne relève pas immédiatement les taux, et qu'elle dise clairement quand elle le fera.

Donald Hébert

 

 

 

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