Un journal d opposition perquisitionne
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La police turque a perquisitionné aujourd'hui à Istanbul le siège d'un journal et arrêté un de ses responsables après la publication d'un photomontage du président Recep Tayyip Erdogan prenant un «selfie» devant le cercueil d'un soldat tué par les rebelles kurdes. Selon son rédacteur en chef Cevheri Güven, les forces de l'ordre se sont présentées une première fois dans la nuit devant les locaux du magazine Nokta («Le point» en turc). «La police est à notre porte. Il est 1h30. Je pense que les numéros de Nokta vont être saisis», a écrit M. Güven sur son compte Twitter. Ayant trouvé le bâtiment vide, elles y sont revenues à 8h30 et ont saisi des documents.
De nombreux exemplaires du magazine ont également été saisis ou retirés des kiosques, a rapporté la presse turque. Le quotidien Hürriyet a publié la copie d'une décision du parquet d'Istanbul ordonnant la perquisition du journal, la saisie de son dernier numéro et le blocage de son compte Twitter pour «insulte au président» et «propagande terroriste». Dans l'après-midi, les policiers sont revenus une troisième fois au siège de Nokta et ont interpellé son directeur de la publication Murat Capan, a affirmé le journal sur Twitter. La première page du magazine est constitué d'un photomontage sur lequel M. Erdogan se prend en photo, tout sourire, avec son téléphone portable devant le cercueil d'un soldat recouvert du drapeau turc. Nokta a expliqué s'être inspiré d'un photomontage similaire publié en 2013 dans le Guardian qui montre l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair prenant un «selfie» devant le panache de fumée noire d'une explosion pendant la guerre en Irak.
«Critiquer Erdogan est devenu le crime le plus grave en Turquie», a ironisé lundi après l'opération visant Nokta un élu de l'opposition social-démocrate, Engin Altay. Cela «ne fait qu'aggraver le bilan déjà inquiétant de la Turquie en matière de liberté d'expression», a renchéri le haut-commissaire du Conseil de l'Europe pour les droits de l'Homme, Nils Muiznieks. Le gouvernement islamo-conservateur turc est régulièrement épinglé par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui lui reproche ses pressions sur les médias. De nombreux journalistes sont poursuivis devant la justice pour «insulte» au président et, depuis le début du mois, deux journalistes britanniques et une néerlandaise qui couvraient les combats entre l'armée et la rébellion kurde ont été expulsés.
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