Des réfugiés syriens rejoignent la Norvège en vélo par la Russie
Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 11/09/2015 à 07:53
Plus de 200 demandeurs d'asile, essentiellement des Syriens, ont franchi la frontière entre la Russie et la Norvège, selon la police norvégienne. Loin des embarcations de fortune et des trains bondés.
L'un des postes-frontière entre la Russie et la Norvège.
AFP
Les bateaux de fortune, les bus, les trains... et le vélo. Une poignée de réfugiés syriens a choisi de rejoindre le nord de la Norvège à la force des mollets. "J'ai regardé une carte et j'ai décidé de me lancer", explique à l'AFP Ahmad Taleb, un Kurde syrien de 25 ans.
Selon la police norvégienne, plus de 200 demandeurs d'asile, des Syriens fuyant la guerre pour l'immense majorité d'entre eux, ont depuis le début de l'année franchi la frontière entre la Russie et la riche Norvège qui appartient à l'espace Schengen de libre-circulation des personnes à défaut d'être membre de l'UE.
Un trajet bis loin des dangers de la Méditerranée
Ce long crochet par l'Arctique, via des contrées réputées inhospitalières, leur ouvre les portes de l'Europe en leur épargnant les mille dangers encourus par les centaines de milliers de désespérés qui traversent la Méditerranée à bord de frêles embarcations surchargées avant d'entamer un périple semé d'embûches à travers le continent.
Plus de 380 000 migrants et réfugiés ont ainsi gagné le Vieux Continent depuis janvier et 2850 y ont laissé la vie ou sont portés disparus, selon les derniers chiffres de l'ONU.
"Par la mer, c'est dangereux", témoigne Ahmad Taleb, rencontré à Oslo, dans le centre de transit de Refstad par lequel passent tous les migrants après leur enregistrement auprès des services spécialisés de police. "Mais si vous achetez un visa pour la Russie, vous payez et vous partez. Comme ça, c'est plus rapide et plus sûr", ajoute le jeune homme qui dit avoir quitté sept jours plus tôt Kobané, ville ravagée par les combats entre Kurdes et jihadistes du groupe État islamique (EI) finalement chassés des lieux en juin.
L'idée, confie-t-il, lui est venue en parlant avec des personnes sur Facebook. Méfiant, attendant son transfert avec ses maigres affaires rassemblées dans un grand sac poubelle noir, il refuse d'en dire plus sur les coulisses de son voyage.
Le vélo, le seul moyen de passer la frontière
Les deux pays entretenant de bonnes relations, il est, semble-t-il, assez aisé pour un Syrien de décrocher un visa pour la Russie. Après un trajet en avion vers Moscou, les candidats à l'exil rejoignent généralement Mourmansk, grande ville du Nord-Ouest de la Russie, en train, puis Nikel, à une vingtaine de kilomètres de la Norvège.
Là, ils font l'achat d'un... vélo, souvent au prix fort.
Bizarrement, le vélo est désormais sans doute le seul moyen de locomotion légal pour les réfugiés désireux de franchir le poste-frontière de Storskog, le seul entre la Russie et la Norvège.
Côté russe, les autorités interdisent en effet les passages transfrontaliers à pied tandis que, côté norvégien, la police a récemment commencé à infliger de lourdes amendes aux personnes transportant des migrants dans leur véhicule, jugeant que cela s'apparentait à du trafic d'êtres humains.
Du coup, la police de Kirkenes, ville norvégienne la plus proche de la frontière, veille aujourd'hui sur quelque 65 vélos, souvent quasi flambant neufs, dont elle ne sait quoi faire, leurs éphémères propriétaires ayant été expédiés vers Oslo pour y déposer leur demande d'asile.
La plupart des passages à vélo ont eu lieu au cours des dernières semaines mais certains ont aussi franchi la frontière en hiver dans des températures négatives et sur des routes recouvertes de neige.
L express
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