L art Corporel vs Marina Abramović
L'art corporel, en anglais body art, est un ensemble de pratiques artistiques effectuées sur ou avec le corps humain.
Les origines du Happening ( art corporel ) datent des années 50 et c'est au Black Moutain College que les happenings font leur apparition, les performances donnent la possibilité à l'artiste de se mettre lui-même en scène.
En France, Pierre Molinier se présente comme l'un précurseur du mouvement que l'on nommera plus tard art corporel.
Dans ses œuvres il se concentre sur les corps et plus particulièrement le siens à travers des clichés érotiques.
Avec la libération sexuelle des années 60 le mouvement sera énormément imprégné d’érotisme et tout comme Pierre Molinier de nombreux artistes prendront aussi le corps comme sujet central de leurs travaux plastiques.
Néanmoins la naissance du terme d’art corporel français est surtout associée à la démarche artistique de Michel Journiac, et de son oeuvre la Messe pour un corps, datant du 6 novembre 1969 à la galerie Templon.
Sa performance artistique le présentait faisant communier le public avec des hosties, fait de boudin cuisiné avec son propre sang, à travers cette cérémonie religieuse l’artiste présentait alors les bases d’un art nouveau fondé sur l’usage du corps. Qu’il clarifiera lui-même "d'archétype de la création".
Le terme « art corporel » apparaîtra néanmoins en 1971, l’appellation viendra du critique d’art François Pluchart et dès lors le terme sera utilisé pour identifier les travaux de nombreux artistes s’apparentant au corps dont notamment ceux de Michel Journiac et d’autres artistes comme Gina Pane.
Dès lors le corps est un médium, des multiples artistes agissent dessus, dénonçant le pouvoir de l’individu, celui de penser un monde ou au contraire de le critiquer, où son impact symbolique est largement valorisé
L’art corporel se présente comme un art expérimental ou se pose des questions sur le corps ; sur ses réactions, expressions, attitudes, relations avec l’autre (le spectateur et l’espace), le corps est alors observé par l’artiste, qui devient parfois spectateur de son propre corps.
Le langage du corps prône sur le reste.
L'art corporel peut être qualifié de dérangeant car il joue des interdits, qu’il soit sexuel, érotique ou morbide, cet art conteste les règles et lois interdites dans la tradition occidentale et chrétienne.
L’art corporel n’a ni bornes, ni règles, ni lois.
L’art corporel suscite d’autres questions sur le corps, ainsi on s’interroge sur le statut du corps et les pressions politiques, religieuses et sociales qu’il implique. Notamment Hermann Nitsch qui mettra en scène des crucifixions d'animaux vivants, où des échos religieux et politiques se font ressentir.
Ou encore, Carolee Schneemann qui dans la performance Interior Scroll, mène une recherche sur les tabous.
Dans l'art corporel, le plaisir, la souffrance, la maladie, la mort s'y inscrive pour faire échos aux mœurs en place.
Ainsi, dans les années 1970, Hervé Fischer souligne les résonances chrétiennes de la flagellation, la mortification, la punition dans l'art corporel des artistes tel que Michel Journaic, avec la Messe pour un corps ou encore Gina Pane avec, death control
La violence et le sadomasochiste sont des thèmes alors récurant dans l’art corporel, notamment avec Shoot de Chris Burden en 1971, qui se fait tirer dans le bras par un assistant.
Le travail sur le corps peut être aussi autodestructeur chez certains artistes, qui emploieront l’automutilation sur eux-même, David Wojnarowicz présentera une photographie de lui les lèvres cousus.
Il faudra attendre les années 94, pour que l'art corporel ou encore le body art et bien d'autre "soit pris en compte dans l'histoire de l'art récente" (1), en novembre 1994 le Centre Georges Pompidou en présentant une exposition regroupant ces pratique artistique donne l'occasion de les inscrire dans l'histoire.
Marina Abramović fait partie du courant artistique de l'Art corporel, elle s'est mise, à diverses reprises, en danger. Durant l'exécution d'une de ses œuvres, elle s'est même trouvée presque morte d'asphyxie sous un rideau de flammes.
Cependant, le but de cette artiste n'est pas le sensationnel. Ses œuvres sont des séries d'identification à des expériences et de redéfinition des limites : du contrôle de son propre corps, du rapport à un interprète, de l'art et par prolongation, des codes qui régissent la société. On peut donc dire que son projet artistique a l'ambitieux et profond dessein de rendre les personnes plus libres.
Plusieurs de ses œuvres des 30 dernières années ont été brutales et perturbantes. Certaines d'entre elles ont atteint leur accomplissement final seulement quand un membre de l'assistance est intervenu. En cherchant le point auquel l'assistance atteint les limites de sa résistance à la douleur ou plutôt au témoignage de la douleur, l'artiste crée un point de rupture, accentuant radicalement le propre sens du moment du spectateur. Elle a dit : « Je suis intéressée par l'art qui dérange et qui pousse la représentation du danger. Et puis, l'observation de public doit être dans l'ici et maintenant. Garder l'attention sur le danger ; c'est se mettre au centre de l'instant présent. »
Marina Abramović origine serbe a été soutenue à Belgrade. Ses premières œuvres présentaient une rébellion contre son éducation stricte et aussi contre la culture répressive de la Yougoslavie d'après-guerre de Tito. Comme tout son travail, ses œuvres étaient en quelque sorte des rituels de purification conçus pour sa propre libération.
The Artist is Present, MoMA, mai 2010
En 1975, l'artiste rencontre Ulay, un artiste qui a partagé et sa vie personnelle et sa vie artistique mouvementée. Pendant les douze années de leur vie commune, ils ont collaboré, produisant des œuvres et voyageant. Leurs œuvres ont exploré les rapports de pouvoir et de dépendance dans la relation triangulaire avec le public.
Dans une œuvre de 1977, leurs bouches sont collées l'une à l'autre et des microphones sont attachés avec du ruban adhésif près de leurs gorges. Marina et Ulay ont respiré tour à tour l'air des poumons de l'un l'autre, jusqu'au point où ils n'échangeaient plus que de l'anhydride carbonique, et cela presque jusqu'au point de suffocation. Dans une autre œuvre de 1980, ils ont tendu un arc chargé d'une flèche dirigé sur le cœur de Marina, seul le poids de leurs corps maintenant la tension. Des microphones enregistraient les rapides accélérations de leurs battements de cœur.
Entre 1981 et 1987, Marina et Ulay ont effectué une série d'actions autour du monde intitulée Nightsea Croissing. Ils s'y sont installés comme des tableaux vivants dans les musées. Leur dernier travail ensemble (La grande promenade de mur de 1988) a nécessité que chacun marche 2 000 kilomètres le long de la Grande Muraille, démarrant aux extrémités opposées et se réunissant au milieu. À l'origine de ce projet, cette marche l'un vers l'autre symbolisait les retrouvailles d'un couple amoureux. Mais 8 ans plus tard (le temps nécessaire pour obtenir les autorisations du gouvernement chinois) et leur relation s'acheminant vers une rupture, leur retrouvaille au milieu du mur a donné lieu à une longue accolade, avant qu'ils ne s'éloignent l'un de l'autre définitivement.
Marina Abramović s'est décrite comme la « grand-mère de l'Art performance »2. De cette génération d'artistes du début des années 1970 qui a choisi la performance comme moyen d'expression, Marina Abramović est probablement un des plus actifs étendards - et celui qui l'a été avec le plus de succès. En 1997, elle a montré une installation et une performance à la Biennale de Venise et a reçu la récompense du Lion d'Or du meilleur pavillon.
En 2011, elle co-crée la pièce de théâtre autobiographique The Life and Death of Marina Abramovic sous la direction de Bob Wilson au Manchester International Festival. En 2013, elle participe à la création du Boléro de Ravel pour l’Opéra de Paris aux côtés de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, et en signe la scénographie3. En 2013, elle collabore avec la chanteuse Lady Gaga pour une expérience sensorielle visant à renforcer la sensibilité physique et mentale de l'artiste4. Dans une interview publiée en juin 2014, elle déclarait à ce sujet « Lady Gaga a 43 millions d’admirateurs. Aucun artiste visuel ou plasticien n’a une telle audience. C’est une autre manière de propager l’art »5. Elle inspire également le chanteur Jay-Z, et apparait à ses cotés dans la performance artistique vidéo Picasso Baby.
Notes et références[modifier le code]
- http://www.artnet.com/artists/marina-abramovic [archive] Artnet.com
- « Marina Abramovic sans limites » [archive], sur Madame Le Figaro, 20 octobre 2012
- Marina Abramović enflamme le Boléro [archive] par Philippe Noisette dans Paris Match du 4 mai 2013.
- http://www.lesoir.be/295902/article/styles/air-du-temps/2013-08-08/lady-gaga-nue-pour-marina-abramovic [archive] Lady Gaga nue pour Marina Abramovic, article par Anne-Sophie Leurquin, le 8 août 2013 sur lesoir.be
- « Marina Abramović – Guerrière de l’art contemporain » [archive], sur workmag.me, LE MAGAZINE ECONOMIQUE FEMININ, 16 juin 2014 (consulté le 22 décembre 2014)
"Avant-propos" Hors limites, de l'art et la vie de François Barré,
Corps, sexe et art de Lydie Pearl,
La Performance, entre archives et pratiques contemporaines, Janig Begoc, Nathalie Boulouch et Elvan Zabunyan.
VIDEO ART CORPOREL DE Marina Abramović
Duran K