Une Joconde... peut en cacher une autre !
Après dix ans d'analyse, l'ingénieur français Pascal Cotte révèle qu'un tout autre visage pourrait bien se cacher derrière la Mona Lisa que l'on connaît...
PAR VICTORIA GAIRINUne Joconde... peut en cacher une autre !
Après dix ans d'analyse, l'ingénieur français Pascal Cotte révèle qu'un tout autre visage pourrait bien se cacher derrière la Mona Lisa que l'on connaît...
PAR VICTORIA GAIRINLa Joconde, au musée du Louvre © AFP/ Michel Urtado
« Il y a un portrait dissimulé derrière Mona Lisa, révélait mercredi BBC News. Un visage qui n'a ni le sourire ni le regard en biais qui l'ont rendue célèbre. » Quoique habitué aux intrigues et aux rebondissements s'agissant de la Joconde, le monde de l'art ne manque pas cette fois-ci de s'interroger : se pourrait-il que quelqu'un d'autre se cache derrière le célèbre visage immortalisé par Léonard de Vinci ?
Cela fait plus de dix ans que l'ingénieur français Pascal Cotte travaille sur le sujet. Il obtient l'accès au tableau en 2004 et commence alors une fastidieuse analyse grâce à une technique d'imagerie appelée L.A.M. (Layer Amplification Method). Grâce à sa caméra multispectrale, capable de numériser un tableau avec une qualité macrophotographique de 240 millions de pixels jusqu'alors jamais atteinte, le spectre lumineux n'est plus décomposé en trois couleurs, mais en douze (dont l'infrarouge). Ainsi, il parvient à distinguer les différentes couches de peinture successives, à décomposer les coups de brosse superposés et à reconstituer la chronologie de la composition.
« Ciao, Mona Lisa ! »
Pour Pascal Cotte, nul doute possible : il existe bien un premier visage dissimulé sous celui que l'on connaît. Une version antérieure de Lisa Gherardini ou les traits d'une tout autre personne ? La question reste en suspens. « Nous sommes désormais capables d'analyser exactement ce qui se passe sous différentes couches de couleurs et de photographier des couches invisibles, confie Cotte à la BBC. Nous pouvons reconstituer la chronologie de la création d'une œuvre. » C'est ainsi qu'il a pu découvrir, avec l'aide de son équipe et de l'infrarouge, la présence de sourcils, mettant fin à une polémique ancienne. Ou encore la présence de dentelles au niveau du décolleté de la jeune femme. « Lorsque j'ai terminé l'analyse des couches successives de l'œuvre, je me suis retrouvé face au portrait que l'on connaît et il m'est apparu clairement que les deux visages n'avaient strictement rien à voir : ce n'est pas la même femme. »
Avec sa caméra multispectrale, capable de numériser un tableau avec une qualité macrophotographique de 240 millions de pixels jusqu'alors jamais atteinte, Pascal Cotte parvient à distinguer les différentes couches de peinture successives. © PAUL ELLIS AFP
Chez les spécialistes et historiens de l'art, les avis sont partagés : « Ce procédé est ingénieux, reconnaît Martin Kemp, professeur à l'université d'Oxford, mais l'idée selon laquelle un autre tableau se cacherait sous celui que nous connaissons ne tient pas la route. Je pense qu'il s'agit davantage d'un processus d'évolution. Je suis convaincu que Mona Lisa est bien Lisa. » Pour l'historien d'art Andrew Graham-Dixon, auteur d'un récent documentaire intitulé The secrets of the Mona Lisa, cette révélation pourrait au contraire bien devenir l'une des « histoires du siècle » : « Le Louvre sera certainement réticent à l'idée de changer le nom du tableau. C'est pourtant de cela qu'il s'agit. Ciao, Mona Lisa, bienvenue à la nouvelle venue ! »
Œuvres réalisées de la main gauche, traces de restauration, présence de signatures différentes sur les couches inférieures... rien n'échappe à la caméra de Cotte, qui a par ailleurs contribué en 2009 à identifier « La Belle Princesse » de Vinci et à comprendre que la première composition de « La Dame à l'hermine » ne portait pas d'hermine ! Le Louvre n'a, pour l'instant, pas encore réagi à la découverte.